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Lorsque j’ai commencé à me documenter pour réaliser un projet sur la guerre civile espagnole et la résistance antifranquiste pendant la dictature j’ai remarqué l’absence des voix des femmes sur le sujet. A de rares exceptions près, on ne parlait que des hommes. Il est vrai que
beaucoup de documents sur ce thème sont écrits par des hommes sur des faits d’hommes.
Cependant, ce sont les femmes républicaines qui furent les grandes perdantes de la guerre civile espagnole. Non seulement elles perdirent les droits acquis pendant la Seconde République, mais les vainqueurs se chargèrent aussi de les punir cruellement et inutilement.
Au départ, je pensais faire une série de portraits de femmes ayant vécu la guerre civile espagnole dans le camp républicain mais, au-fur-et-à-mesure qu’avançaient mes recherches, je me suis attaché aux histoires de ces femmes.
Je décidais d’aller à la recherche de celles qui étaient encore vivantes pour faire leur portrait actuel et recueillir leur histoire de vive voix et ainsi d’ajouter à leur portrait leur biographie.
J’ai gravé sur vidéo leur témoignage afin de compléter mon propos.
Puis j’ai voulu que partout où iraient mes tableaux il y ait aussi l’histoire de ces femmes,
avec leurs témoignages, leurs voix, leurs chansons, leurs silences et leurs regards.
J’ai essayé de donner vie à ces histoires si longtemps tenues dans le silence, d’abord par la dictature franquiste et ensuite par une transition qui, au lieu de rompre avec le régime antérieur, s’en est fait complice.
Connaître personnellement toutes ces femmes a été pour moi une expérience extraordinaire et enrichissante. Elles sont un exemple pour tous de courage, de droiture et de cohérence.
Ce projet est dédié à toutes les femmes qui ont souffert sous la griffe cruelle du fascisme. Certaines comme militantes de gauche luttant pour la démocratie et les libertés d’autres parce qu’elles étaient simplement de gauche ou de famille de militants de gauche et enfin d’autres pour rien.
Je dédie ce travail à toutes celles-là mais aussi à celles qui furent fusillées contre les murs des cimetières, celles qui gisent enterrées dans les fosses communes des caniveaux d’Espagne, celles qui moururent d’avitaminose dans les prisons franquistes, celles qui durent s’exiler,
aux miliciennes qui marchèrent au front pour défendre la République, à celles qui
collaborèrent en travaillant à l’arrière du front, aux guérilleras antifranquistes de l’après guerre ou qui servirent comme contact avec la guérilla, aux mères ou aux épouses de prisonniers républicains et surtout à celles dont l’histoire à oublié le nom, ces milliers de femmes anonymes dont on ne parlera jamais mais qui souffrirent tant sous la répression franquiste.
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Piedad Arribas Fernandez (Quintanar de la Orden, 1920)
Son père, paysan, fut d’abord socialiste et membre de l’UGT (Union générale des travailleurs) puis communiste. Il devient un des activistes les plus importants du village.
En 1931, à 11 ans, Piedad célèbre l’arrivée de la République dans son village.
En 1936, elle vote pour la première fois.
Dès le début de la guerre, elle monte avec son père à Madrid et fait partie des JSU et du bataillon Dolores Ibarruri.
Elle est faite prisonnière et restera les 3 années de guerre dans la prison de Caceres.
Libérée elle retourne à Madrid mais elle est arrêtée le 12 août 1939 et condamnée à mort.
En 1942, sa peine est commuée en 20 ans de prison.
A sa sortie, malgré l’interdiction, elle retournera dans son village afin de retrouver sa mère.
Elle milite dans l’organisation clandestine du PCE. Elle est à nouveau arrêtée et emprisonnée.
Au total elle passera 16 années en prison.
Actuellement elle habite à Madrid dans un quartier dont une place porte son nom.
C’est une femme droite, accueillante, engagée et attendrissante. Elle continue à militer au PCE.
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Carmen Arrojo Maroto (Madrid, 1918)
Très jeune, elle s’inscrit à la FUE (Fédération Universitaire Scolaire) qui est une organisation apolitique où elle participera à la création de l’UEA (Union des Etudiants Antifascistes).
En 1936, elle devient militante JSU (regroupement des jeunesses socialistes et communistes).
Dès le début de la guerre, elle aide à la défense de la République en participant à plusieurs créations : une cantine populaire à Madrid, un atelier de confection de vêtements pour les miliciens, une résidence pour enfants perdus ou sans famille.
Rapidement, elle occupe des postes importants à la JSU et la FUE. Elle s’occupe de la propagande et de la radio.
En février 1939, à Valencia, elle désire se marier avec Eugenio Moreno, un jeune avocat mais son père lui conseille de fuir le pays en embarquant sur un bateau anglais qui arrive au port d’Alicante où les consulats d’Argentine et de Cuba essaient de créer une zone internationale. Malheureusement, la marine franquiste empêche l’entrée du « Winning » qui aurait pu sauver 6 000 personnes et le 30 mars, les troupes italiennes occupent Alicante.
Les réfugiés perdent espoir, certains se suicident et l’ambassade d’Argentine se retire. Les réfugiés sont conduits dans un camp de concentration où l’on sépare les hommes des femmes. Carmen ne reverra jamais Eugenio qui sera exécuté et enterré à Valencia. Elle attendra 65 ans avant de savoir la vérité sur la mort de son fiancé.
Lorsqu’elle sort du camp de concentration, elle cache son passé afin de ne pas être victime de représailles.
En 1966, elle devient professeur d’espagnol en Bulgarie.
En 1969, elle est diplômée de langue et devient professeur à Grenade.
En 2010, elle collabore avec l’association pour « la récupération de la mémoire historique ».
Elle est offusquée de voir encore les anciens politiciens fascistes sur le devant de la scène et des rues porter le nom de personnages franquistes.
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Concha Carretero Sanz (Barcelona, 1918)
A 2 ans, elle part à Madrid où elle est élevée par ses grands-parents jusqu’à l’âge de 9 ans. Son enfance est très dure. Son père est trouvé mort dans la rue et au lieu d’être enterré il est vendu, par morceaux, à des étudiants en médecine. Sa mère est gravement blessée par la chute de l’ascenseur qu’elle nettoyait.
Elle doit travailler à l’âge de 10 ans comme apprentie chemisière puis fait d’autres métiers.
Elle entre dans le groupe théâtral « Los Matutanes » qui recueille de l’argent pour les nécessiteux. Elle a un certain succès comme actrice mais son frère lui interdit de continuer dans cette carrière.
Elle s’inscrit aux MAOC (Milices Antifascistes Ouvrières et Paysannes) puis en 1936 JSU.
A la déclaration de guerre, elle aide, avec les JSU, les miliciens et les soldats de la République puis monte un atelier de couture pour les habits des soldats.
En 1937, elle est responsable de l’atelier pulls, puis s’occupe des enfants dont les parents sont au front et enfin à l’usine d’armement de guerre de la République.
En 1939, elle est à Madrid où elle tente de détruire les archives des JSU afin d’effacer le nom des adhérents mais elle est arrêtée et emprisonnée.
A la fin de la guerre, sortie de prison, elle organise la résistance avec la JSU en servant de lien avec le PCE. Elle est arrêtée et torturée puis amenée à la prison de Ventas d’où, cette même nuit, on extraira les « Treize Roses » que l’on fusillera. (Les « 13 roses » sont 13 jeunes filles dont 7 mineures la plupart innocentes d’aucune appartenance emprisonnées puis condamnées à mort en représailles à un attentat contre un commandant de la Guardia Civil perpétré alors qu’elles étaient déjà en prison).
Elle aide ses camarades en prison.
Elle est libérée fin 1940 mais elle est dénoncée et retourne en prison en 1941.
Elle est battue, enfermée nue dans une geôle froide et humide. Elle essaie de se réchauffer en faisant de l’exercice physique mais on l’arrose d’eau froide et on la frappe sans cesse. On lui fait un simulacre de mise à mort puis on l’enferme dans une pièce sans eau ni toilettes pendant plusieurs jours. Elle y attrape une maladie à l’œil qui lui restera à jamais.
En 1941, à 23 ans, elle est libérée. Elle retrouve sa mère malade qui mendie sous les porches des arènes de Madrid. Ses grands-parents ne veulent pas les aider par peur des représailles. Elle trouve un travail de bonne afin de s’en sortir, et d’aider sa mère. Elle arrive à faire libérer ses frères grâce à l’aide d’un de ses maîtres.
Elle se marie en 1942 et a une fille mais rapidement son mari est arrêté et fusillé.
En 1944, elle est jugée et grâciée. Elle refera sa vie bien plus tard et aura 5 autres enfants.
C’est toujours une femme engagée qui défend les mêmes idéaux de liberté et de justice.
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Flor Cernuda Arrones (Quintanar de la Orden, 1918)
Ses parents sont tailleurs. A 17 ans, elle travaille au « Secours Rouge » qui l’envoie à Valencia où elle milite aux Jeunesses Communistes puis au PCE.
En 1936, elle vient à Madrid et intègre le Comité Exécutif National du Secours Rouge.
A la fin de la guerre, elle revient dans son village croyant aux promesses de Franco : « Rien ne sera fait contre ceux qui n’auront pas de sang sur les mains ». Mais en mars 1939, elle est arrêtée et emprisonnée. On lui rase la tête, on la bat, on l’insulte puis on sort les prisonnières sur la place du village pour qu’elles suivent la messe dans l’intention de les brûler vives. Elles sont sauvées par la compagnie militaire arrivée la veille.
Elle est condamnée à 12 ans de prison et on lui fait subir un simulacre d’exécution.
En prison, elle attrape une grave infection des jambes. Elle ne peut plus marcher mais on la déplace dans une autre prison gérée par des sœurs où elle est victime de vexations et du manque de nourriture.
Elle ne rejoint sa maison qu’en 1943 où elle subit sans cesse des représailles. Elle finit par s’installer à Madrid comme bonne. Son père est victime lui aussi de représailles au village. Il meurt par manque d’assistance médicale car il refuse de se confesser et de communier.
En 1949, elle se marie à 31 ans avec son prisonnier correspondant.
Tous les deux militent avec le PCE contre le franquisme.
En 1962, elle est à nouveau arrêtée, torturée pendant 4 jours.
Elle sera emprisonnée en 1977, après la mort de Franco, pour avoir participé à une manifestation pour la libération des prisonniers politiques.
Elle écrit des poèmes sur la Guerre Civile.
Elle vit dans une maison de retraite.
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Tomasa Cuevas Gutiérrez (Brihuega 1917 - Barcelona 2007)
Issue d’une famille pauvre, en 1931, elle rejoint les Jeunesses Communistes.
En avril 1939, elle est dénoncée par un voisin et est condamnée à 30 ans de prison. Elle en sortira en 1944 mais sera chassée de sa ville.
Elle s’installe à Barcelone où elle entre dans la résistance clandestine.
Elle est arrêtée en 1945, interrogée et torturée sauvagement pendant 48 jours. Elle est emprisonnée pendant 1 an.
Elle retourne à la lutte clandestine contre le fascisme puis s’exile en exile en France de 1953 à 1961.
De retour en Espagne, elle aide les prisonniers avec les femmes antifranquistes solidaires.
Après la mort de Franco, en 1975, elle est indignée par la transition silencieuse au pouvoir et décide alors de parcourir l’Espagne avec un magnétophone afin de recueillir les témoignages des femmes emprisonnées sous le régime de Franco. Elle écrira trois ouvrages sur le sujet.
Elle meurt à l’âge de 90 ans.
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Juana Doña Jiménez (Madrid, 1918 – Barcelona, 2003)
En 1933, elle milite aux Jeunesses Communistes. Elle est arrêtée une première fois lors d’un piquet de grève puis rejoint le Groupe des Femmes Antifascistes.
En 1935, elle est de nouveau arrêtée lors d’une réunion clandestine et emprisonnée. A sa sortie de prison, elle travaille dans une usine de savon et se marie avec Eugenio Mesón.
En 1936, pendant la guerre, elle collabore dans des travaux d’arrière-garde : elle organise des garnisons de recrutement, elle lave les habits et des instruments dans les hôpitaux de campagne, aide les compagnies de miliciens et dans les ateliers de couture.
Elle a 2 enfants dont l’un meurt de méningite. En 1938, son mari est arrêté et emprisonné. Juana part à Alicante avec son fils, sa sœur et son beau-père afin de quitter le pays mais ils seront arrêtés et transférés de prisons en camps de concentration comme la plupart des républicains sur place. Par manque de place dans ces camps, les autorités décident de les renvoyer dans leur village ou ville afin d’être contrôlés part les phalanges et après dénonciation être emprisonnés ou fusillés.
C’est ainsi que, fin 1939, Juana et sa famille sont transportés en train jusqu’à Madrid. Le voyage dure 7 jours. Beaucoup d’enfants meurent et les mères doivent abandonner leur cadavre en gare de Valencia.
A Madrid, elle se cache et rejoint l’organisation clandestine du PCE, on lui fait de faux papiers afin de faire sortir certains prisonniers mais elle sera arrêtée et torturée cruellement pendant plusieurs jours (courants électriques et bien d’autres supplices). Elle survivra sans dénoncer ses camarades et sera reconduite en prison à Madrid.
En prison, les femmes s’organisent pour transmettre leurs savoirs aux autres. Juana donne des cours d’alphabétisation.
En mai 1941, elle est libérée mais son mari est fusillé.
En 1944, elle lutte à nouveau clandestinement avec le PCE. Elle devient « guérillera » sous le nom de « Maria Luisa » et transforme son aspect physique. Elle dirige des attentats sans mort d’homme.
En 1947, elle est à nouveau arrêtée avec sa mère, interrogée, torturée et condamnée à mort. Evita Perón, en voyage officiel en Espagne, intervient pour commuer sa peine en 30 ans de prison. Ses compagnons de prison, eux, seront exécutés.
Pendant 18 ans, elle sera transférée de prison en prison à travers l’Espagne.
Elle est libérée en août 1961. Elle part en France où elle participe à la fondation du MLF.
Elle écrit plusieurs ouvrages: Mujer ; Desde la noche y la niebla ; Gente de abajo ; Querido Eugenio.
Elle continue son activité politique avec le monde ouvrier et le PCE. Elle meurt à 84 ans.
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Aurora Galé Ballesteros (Cádiz, 1918)
Son père est dirigeant syndicaliste de la CNT.
En 1936, des phalangistes viennent arrêter son père et tirent une balle qui atteint le poumon d’Aurora.
Son père sera fusillé sur la place publique. Aurora sera handicapée toute sa vie avec une balle dans le poumon après avoir échappé à la mort.
De 1944 à 1953, la mère et les enfants habitent Madrid.
En 1953, lorsqu’ils reviennent à Cadix où Aurora se marie avec un employé de la compagnie de gaz qui meurt d’une leucémie, maladie professionnelle.
Elle a 92 ans. Elle a toujours sa balle dans le poumon. Elle est sympathisante anarchiste et conserve intacts ses idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité.
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Felicidad García Bienzobás (Salamanca, 1916)
Son père est docteur en chimie et enseigne la physique et la chimie à Salamanque. Il est du parti de la Gauche républicaine. Un de ses oncles participe à la fondation du PC à Salamanque et un autre est sous-secrétaire de la Marine et de l’Agriculture sous la Seconde République.
Dès l’adolescence elle baigne dans une ambiance politisée. En octobre 1935, elle assiste au meeting de Azaña à Comillas (Asturies).
En août 1936, elle est arrêtée avec son frère, sa soeur et son père par le chef de la Phalange de Béjar. Libérés, ils sont victimes d’une nouvelle dénonciation et arrêtés par un groupe de phalangistes dont certains étaient des élèves de son père. On les oblige à boire de l’huile de ricin, puis les hommes sont torturés en présence des femmes. Ils sont à nouveau libérés mais doivent quitter la région.
Ils vont s’installer en Estrémadure chez une tante mais, à nouveau, son père est emprisonné. Plus tard, sa sœur sera emprisonnée à Burgos où elle travaillait, puis à nouveau son père et enfin Felicidad et son frère. Tous sont condamnés à 30 ans de prison.
Felicidad est à la prison de Saturraran où les sœurs donnent très peu à manger car elles vendent pour leur propre compte la nourriture qui leur est envoyée.
En 1941, lorsqu’elle sort de prison, elle pèse 40 kg. Elle a une maladie chronique de la gorge. Son père qui lui aussi est libéré souffre de démence. Quant à son frère, il a une maladie de l’estomac.
Elle rencontrera un médecin avec qui elle se fiance mais celui-ci est arrêté après avoir soigné un guérillero. A sa sortie de prison, ils se marient et auront par la suite 2 enfants.
Elle a survécu à un cancer du sein, à trois opérations de la hanche et elle a eu deux accidents de voiture.
Depuis 1998, elle habite à Rivas Vaciamadrid. Elle a 94 ans et toujours les mêmes idéaux républicains.
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Ángeles Ortega García-Madrid (Torrejón de Ardoz, 1918)
Elle sera élevée à Madrid. Son père est cheminot. Un peu rebelle et « garçon manqué », elle joue au football. A 13 ans, elle travaille dans un atelier de tailleur pour aider sa famille. Elle y travaille tous les jours de la semaine bien que le dimanche ne soit pas rémunéré.
Elle découvre alors la poésie et deviendra poétesse.
En 1934, elle rejoint le « Circulo Socialista » à la suite de la révolution minière des Asturies.
En 1936, à 18 ans, elle travaille dans un atelier où l’on confectionne les uniformes pour la 49ème brigade mixte et devient volontaire aux JSU pour aider dans les transports publics de Madrid pour remplacer ceux qui étaient au front. Elle travaille avec l’une des « 13 Roses ».
En mai 1939, elle est arrêtée avec sa mère et 25 des habitants de son immeuble dénoncés par des voisins. Elle passe 20 jours dans un centre de détention où elle est battue et torturée cruellement. Certains détenus se suicident ne pouvant pas supporter la torture. Elle est ensuite emprisonnée à Ventas avec les « 13 roses » et les condamnées mort. Les enfants emprisonnés meurent de dysenterie.
En 1940, elle est jugée et condamnée à 12 ans de prison. Elle sera emprisonnée dans plusieurs prisons de Catalogne où elle souffrit d’anémie.
En 1942, elle est remise en liberté conditionnelle avec obligation de se présenter tous les 15 jours à la Guardia Civil et fouilles de domicile.
Après la dictature, elle devient adhérente de l’Association des Ex-prisonniers ayant subi des Représailles politiques Antifranquistes.
Depuis 2010, elle vit dans une maison de retraite à Madrid.
Elle a 92 ans et a milité 76 ans au PSOE.
Plusieurs de ses poèmes ont été publiés : Al quiebro de mes espinas ; Aguas revueltas ; Titere de corcho ; Pasos tranquilos ect...
Ainsi qu’un livre témoignage : Réquiem por la libertad.
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Vicenta González Marchal (Las Navas de Tolosa, 1925)
Elle naît dans la province de Jaén mais est élevée à Madrid. Son père est adhérent de l’UGT.
Dès de début de la guerre, Vicenta part avec ses deux frères vivre dans son village chez un oncle mineur socialiste pensant être plus en sécurité.
Elle aide le « Secours Rouge », et à la mort de l’oncle, ils rentrent tous à Madrid rejoindre les parents.
Bien des membres de la famille sont dénoncés puis fusillés ou emprisonnés.
Elle est arrêtée avec sa mère et des amies et on leur rase la tête.
Pendant les années de dictature, elle travaille comme cuisinière, ouvrière et femme de ménage. Elle rejoint les Commissions Ouvrières.
Son mari est membre du PC clandestin.
En 1962, il est arrêté et emprisonné pendant 3 ans.
Vicenta continuera à lutter contre le franquisme pendant toutes les années de la dictature.
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Angustias Martínez Vicente (La Peraleja, 1919)
Ses parents sont commerçants. Son père est président de Izquierda Republicana, dans son village. Sa famille maternelle milite aussi dans ce parti.
En 1934, elle part étudier à Valencia et revient au village l’été 1936, quelques jours avant le coup d’état militaire.
Elle participe à la création de JSU dans son village. Elle aide à l’alphabétisation et à la confection de vêtements pour aider l’hôpital de guerre de Huete.
Elle est arrêtée par des voisins et amenée à la caserne franquiste de Cuenca. Elle est battue afin de dénoncer ses compagnons des JSU. Elle ne parlera pas.
Elle sera emprisonnée dans des conditions inhumaines à Huete.
En 1940, elle est transférée à Uclés où l’on fusille les prisonniers 3 matins par semaine.
En 1943, elle part à la prison de Ventas de Madrid où les prisonnières sont politiquement mieux organisées. Elles arrivent à planifier et à réussir la fuite de deux prisonnières en 1945.
Son père et son frère sont également prisonniers. Seule, sa mère est en liberté mais harcelée par des appels continus de la Phalange. Son père est fusillé en 1945. Elle et son frère sont libérés en 1946.
Les biens de la famille sont confisqués. Ils doivent s’installer à Madrid.
Elle milite clandestinement au PCE. Elle et son frère sont continuellement arrêtés et torturés.
Son frère part au Chili et crée un collège. Angustias et sa mère le rejoignent en 1955. Du Chili, elle continue sa lutte antifranquiste.
En 1973, après le coup d’état de Pinochet, le collège est confisqué et ils doivent fuir la dictature et repartir en Espagne.
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Feli Plaza González (Madrid, 1917)
Fille d’un père socialiste adhérent de l’UGT, Feli entre, dès 14 ans, aux Jeunesses Socialistes puis au Parti Socialiste.
Dès le début de la guerre, la maison de Feli est détruite par un obus. Son père est au front et, avec sa mère et ses sœurs, elles montent un atelier de couture pour fabriquer les vêtements de l’armée républicaine.
Elle est désignée « Marraine » du bataillon « Alpino ».
En 1939, elle et son père sont arrêtés et condamnés à 6 ans de prison. Sa mère et ses sœurs seront aussi emprisonnées plusieurs mois.
Feli passe 3 ans dans la prison des sœurs Oblates de Tarragone. Comme, Feli, refuse de prier et de lever le bras en signe de salut fasciste, elle est enfermée, la plupart du temps dans la cellule de punition.
En 1942, elle est libérée mais chassée de sa province. Cependant, elle se cache chez une amie à Madrid pendant un an puis rejoint la maison familiale mais doit se présenter tous les 15 jours au commissariat. Elle vend des châtaignes dans la rue pour survivre. Elle est complètement libre en 1945.
Elle rencontre son mari, socialiste et ils militent ensemble clandestinement au PSOE.
Ils seront arrêtés et torturés. Son mari fera 3 ans de prison.
Actuellement, à 93 ans, elle vit à Madrid et continue à militer au PSOE.
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Carmen Rodríguez Campoamor (Madrid, 1922)
Ses parents sont communistes, respectivement repasseuse et métallo. Son père arrive à entrer à l’école d’ingénieurs des ponts et chaussées.
En 1936, son père part au front et Carmen rejoint le PCE pour accompagner sa mère aux réunions.
Son père meurt sur le front de l’Ebre.
Pendant la dictature, elle continue à militer clandestinement et elle se marie avec Simon Sanchez Montero, dirigeant communiste qui passera 17 ans en prison.
Carmen est arrêtée plusieurs fois : en 1945, elle est emprisonnée 3 mois. Finalement, sa dernière arrestation aura lieu en 1963.
Elle travaille comme bonne puis au standard d’une société médicale. |
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Rosario Sánchez Mora (Villarejo de Salvanés 1919 - Madrid 2008)
Elle est immortalisée sous le nom de « Rosario la dinamitera » dans le célèbre poème de Miguel Hernández (poète espagnol né en 1910, en 1942 il meurt, à 31 ans, de tuberculose aigüe dans une prison franquiste).
A 16 ans, elle part à Madrid et rejoint les Jeunesses Socialistes (JSU).
A 17 ans, lorsqu’éclate la Guerre Civile, le 19 juillet 1936, elle est enrôlée et rejoint le front de Somosierra pour combattre le général MOLA (nationaliste).
Après son accident où elle perd une main en fabriquant une bombe, elle est affectée à l’Etat Major Républicain où elle fera la connaissance de Vicente Aleixandre (poète espagnol 1898-1984, prix Nobel de littérature en 1977), Miguel Hernández et plus tard, comme correspondante de l’école des cadres du PCE, de « la Pasionaria », Dolores Ibarruri.
Elle se marie en 1937 et en 1938 met au monde sa fille Elena.
En mars 1939, Madrid tombe aux mains des « Nationalistes ». Elle fuit mais elle est arrêtée et emprisonnée à Alicante. Dans l’impossibilité d’identifier ceux qui aidèrent le camp Républicain, les fascistes décident de renvoyer certains prisonniers dans leur village afin d’y être dénoncés.
De retour à Madrid, elle est dénoncée comme la « pasionaria de Villarejo ». Arrêtée et emprisonnée, elle est condamnée à mort, peine commuée en 30 ans de prison.
Ironie du sort, elle est accusée d’ « Adhésion à la rébellion » alors qu’elle défendait la République élue légalement contre les rebelles nationalistes !
Elle sera déplacée de prison en prison à travers l’Espagne où sévissaient l’avitaminose, la tuberculose et la pneumonie.
En mars 1942, elle est libérée avec interdiction de revenir au village. Elle s’installe avec sa fille à Madrid où elle milite clandestinement avec le PCE.
En 1943, elle apprend que son mari s’est remarié et a 2 enfants car Franco dès 1938 a annulé tous les mariages civils.
Pour subsister, elle vend des cigarettes au marché noir puis réussit à prendre en charge un bureau de tabac qu’elle tiendra jusqu’à sa retraite.
Elle meurt à 89 ans.
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Manolita Susagna (Almenar, 1916 – Perpignan, 2010)
Elle naît dans la province de Lleida (Lérida) à Almenar.
Ses parents s’installent à Barcelone dans le quartier de Gracia où son père dirige une entreprise de transport.
En 1935 elle se marie avec son cousin, Francisco SUSAGNA. Son fils, Gilbert, naît cette même année. Son mari travaille à la mairie d’Almenar où ils vivent. Elle y monte son premier salon de coiffure.
En août 1936 quand éclate la guerre civile son mari participe à la bataille de Madrid. Viennent en suite la bataille de l’Ebre et l’exode.
En 1938, les nationalistes entrent à Almenar. L’argent ayant cours sous la république devient périmé. Le salon de coiffure de Manolita est dévasté. Elle ne peut plus y travailler et elle est embauchée avec d’autres femmes comme ouvrière à l’usine de filature d’Alfarras à 4 km à pied d’Almenar. Manolita rouvrira son salon quelques temps plus tard.
En février 1939, Francisco participe à la Retirada et passe la frontière à Prats-de-Mollo. Il est transporté au camp du Barcarès comme réfugié politique. Il partira travailler dans l’Aveyron puis en Gironde comme ouvrier agricole.
En mars 1940, Manolita et son fils Gilbert partent à Figueres pour passer en France clandestinement accompagnés d’un guide engagé par le père de Manolita. Ils passeront la frontière à pied par le Coll de l’Ouillat jusqu’à Saint-Génis-des-Fontaines. Les gendarmes leur confisquent argent et bijoux qui ne leur seront pas rendus et les transportent à Perpignan. De là, Manolita et son fils sont menés au camp de Bram dans l’Aude où elle travaillera comme infirmière. Francisco voulant retrouver sa femme et son fils devra rester dans le camp de Bram jusqu’à sa fermeture fin 1940 car il ne peut plus retourner en Gironde, zone occupée par les allemands.
A cette date, Ils sont transportés, tous les trois, au Camps d’Argelès où femmes et hommes sont séparés. Manolita travaille à l’atelier de couture du camp d’Argelès qu’elle dirigera ensuite. Elle jouit, alors, d’une situation privilégiée car elle habille et coiffe l’épouse du directeur du camp. Elle peut ainsi obtenir de la nourriture, pour son mari qui est très affaibli, et un laissez-passer pour lui rendre visite, le dimanche, sur son lieu de travail.
En août 1941, Gilbert et Manolita sont transférés au camp de concentration de Rivesaltes.
En novembre 1941, la famille est enfin réunie lorsque Francisco obtient la possibilité de réclamer le regroupement familial. Il a un logement et travaille comme ouvrier meunier dans le Gers. Mais ils sont à nouveau séparés lorsque Francisco est envoyé travailler au « Mur de l’Atlantique » par les allemands. Manolita restera dans le Gers jusqu’à son retour.
En 1946, ils s’installent à Perpignan dans l’espoir de pouvoir revenir en Espagne. Manolita continue la couture. Son deuxième fils naît en novembre de cette année là. Ils resteront définitivement à Perpignan.
Pendant les années 50, les activités politiques de PCE-PSUC, bien que clandestines, sont intenses car en relation continue avec des organisations françaises officielles (CGT-PC-Union des Femmes).La police française surveille étroitement les militants espagnols.
Depuis sa sortie des camps, Manolita participe à ces activités en réalisant des travaux de couture en soutien aux prisonniers politiques espagnols. Elle continue à militer…
Dans les années 70, elle devient membre du Centro Espagnol des Pyrénées-Orientales où elle enseigne bénévolement la couture jusqu’en février 2010.
Elle meurt en mars 2010. |
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Nieves Torres Serrano (Venturada, 1918)
Elle est perd son père à 12 ans et devient chef de famille. Elle rejoint les JSU. Pendant la guerre elle aide à organiser les Maisons de Jeunes dans toute la province de Madrid.
En 1939, à la fin de la guerre, elle est dénoncée par un autre militant des JSU et arrêtée. Elle est emprisonnée à Madrid, jugée avec d’autres prisonniers lesquels sont condamnés à mort. 27 hommes sont fusillés et Nieves reste en prison et sa peine sera commuée en 30 ans de prison.
Dans la prison de Ventas, les détenues s’organisent en une sorte de « famille » ou « commune » afin d’améliorer leur sort en partageant leur biens et en gérant les conflits.
Déplacée de prison en prison, elle totalisera 16 ans de détention. Dans la prison de Saturrarán, dirigée par des sœurs qui les traitent avec une cruauté inhumaine, elle organise une grève de la faim. Elle sera mise au cachot pendant 3 mois.
Elle est libérée en 1955 et se marie avec celui qui lui rendait visite en prison.
Depuis le rétablissement de la démocratie, elle milite au PCE.
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Ana Zamudio Sánchez (Torre Alháquime, 1920)
Elle naît près de Cadix.
Le 31 juillet 1936, quelques minutes avant qu’une colonne phalangiste entre dans le village, une centaine de militants dont le père et le frère d’Ana, syndicalistes socialistes et de la Gauche Républicaine, abandonnent le village.
En septembre beaucoup de militants, restés au village, seront assassinés.
Sa mère, Francisca qui est enceinte et son frère seront fusillés cette année-là.
Ana doit s’occuper, à 16 ans, de ses autres frères. Leur maison est saccagée et entièrement vidée.
De 1936 à 1937, 5% de la population du village est fusillée.
Le régime franquiste applique la même punition envers les femmes républicaines : on leur rase la tête, on leur fait boire de l’huile de ricin afin d’être humiliées par cette purge devant toute la population, elles sont violées…
Le général Queipo de Llano annonce dans ses appels radiophoniques :
« Nos valeureux légionnaires et soldats réguliers on montré aux rouges ce que c’est que d’être un homme. Au passage, les femmes rouges aussi savent maintenant ce que sont les hommes véritables à l’inverse des miliciens castrés. Donner des coups de pieds et gueuler ne les sauvera pas. » (Discours du 23/07/1936).
Ana est obligée de boire de l’huile de ricin et a la tête rasée.
Ceux qui avaient fui dont le père et de frère d’Ana reviennent au village en 1937 et sont emprisonnés.
Aujourd’hui, le village est entouré de 7 fosses communes ou individuelles en plus de celle du cimetière. Beaucoup d’habitants ne savent pas où sont les restes de leur famille et ne peuvent pas les enterrer dignement.
Traduction française: Isabelle Altadill.
Merci beaucoup, Isabelle.
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